Ecrit le Vendredi 12 Août 2005
La Malaisie a déclaré hier l’état d’urgence sur une partie de son territoire, notamment la capitale, Kuala Lumpur, qui suffoque sous les fumées causées par d’immenses feux de forêt en Indonésie.
Le seuil d’alerte à la pollution a été franchi dans plusieurs villes de la côte ouest de la Malaisie. Il a atteint les 500 points à Port Klang et Kuala Selangor, deux localités dans lesquelles, selon les témoins, « la nuit est tombée en milieu de journée ». Dans certaines zones côtières où la visibilité s’arrête à 200 mètres, les voitures sont obligées de rouler phares allumés et de klaxonner aux carrefours. Les hôpitaux font face à une hausse des maladies respiratoires. A Kuala Lumpur, les sommets des Petronas Towers, les tours jumelles les plus hautes du monde, ne sont plus visibles du sol. Ici comme dans le reste de la vallée du Klang, le ciel est enveloppé par les fumées des incendies qui ravagent l’île indonésienne de Sumatra, située sur l’autre rive du détroit de Malacca. Comme chaque année à la même période, les paysans indonésiens défrichent les terres cultivables en y mettant le feu. Ils en perdent parfois le contrôle lorsque les flammes embrasent les forêts tropicales, les plus vastes au monde après celles du Brésil. Poussées par le vent, les fumées se dirigent alors vers la péninsule malaisienne, qui se retrouve asphyxiée. Cette pratique des brûlis est théoriquement interdite par la loi.
En 1997 et 1998, des incendies similaires avaient provoqué la mort de plusieurs centaines d’enfants et de personnes âgées, les populations les plus vulnérables aux infections respiratoires et pulmonaires. Les fumées des incendies avaient obscurci le ciel d’une partie de l’Asie du Sud-Est pendant des mois, provoquant de nombreuses perturbations, notamment de la santé publique et du trafic aérien, et causant des pertes économiques estimées à 9,3 milliards de dollars.
C’est pour éviter une nouvelle tragédie que le gouvernement malaisien a décidé d’instaurer l’état d’urgence. De nombreuses écoles ont été fermées, ainsi qu’un aéroport, la visibilité des pistes d’atterrissage étant tombée à moins de 300 mètres. La navigation dans le détroit de Malacca, qui sépare Sumatra de la péninsule malaisienne et où transitent le tiers du commerce mondial et l’essentiel des approvisionnements en pétrole du Japon, a été aussi plusieurs fois interrompue. Le Bureau maritime international de Kuala Lumpur, une organisation qui surveille et étudie la piraterie, s’inquiète du fait que les fumées favorisent l’activité des pirates dans le détroit, où les abordages criminels sont fréquents.
Inquiète, la population s’est ruée sur les magasins vendant des masques en papier, dont les stocks sont maintenant presque épuisés. Les autorités conseillent aux habitants de rester chez eux et envisagent de déclencher des pluies artificielles pour disperser les fumées. Le premier ministre malaisien, Abdullah Ahmad Badawi, a même demandé aux mosquées du pays d’organiser des prières pour faire tomber la pluie.
Plusieurs partis d’opposition ont réclamé au gouvernement des « mesures énergiques » contre l’Indonésie, accusée de laxisme à l’égard des compagnies forestières de Sumatra et de Bornéo, où sont aussi déclenchés des incendies. Une manifestation est prévue vendredi devant l’ambassade indonésienne de Kuala Lumpur. Des policiers anti-émeutes ont été déployés pour éviter les débordements. En attendant, une cellule de crise réunissant des officiels indonésiens et malaisiens a été mise en place à Medan, la plus grande ville de Sumatra, où transite également l’aide internationale destinée à la reconstruction d’Aceh, la province dévastée par le tsunami, le 26 décembre dernier. Plusieurs ONG médicales étrangères déployées dans cette région ont d’ailleurs proposé leurs services à la Malaisie. Elles disposent d’infrastructures et de personnels hospitaliers de bon niveau, mais en nombre limité. Elles pourraient donc être rapidement débordées si, comme l’indique la météo, les mauvaises conditions climatiques - vent et absence de pluie - se poursuivaient pendant plusieurs jours.
Source : lefigaro http://www.actus-sports.com/breve.php3?id_breve=1452
